Autour de la repression du 1er mai parisien

Ces derniers mois, la multiplication d’actes contre l’ordre existant a réchauffé autant le climat de guerre sociale que nos cœurs de révolté-e-s. Des sabotages d’infrastructures, des attaques de lieux ou de responsables du pouvoir, des émeutes et pillages dans les quartiers riches, des actions qui sont menées, de nuit comme de jour, seul-e-s ou à plusieurs.

Face à cet élan le pouvoir affûte ses armes. La volonté des puissants d’un retour à la normale fait travailler un peu plus législateurs, juges, flics, matons ou autres journalistes pour essayer d’éteindre le feu. Chaque nouvelle journée de manifestation est pour l’État et ses larbins le moment d’essayer de contenir et réprimer celles et ceux qui veulent continuer à se retrouver et à exprimer leur rage en prenant la rue.
Des “lois scélérates” de la fin du 19e siècle, dont est issue le délit d'”association de malfaiteurs”, aux lois contre les cagoules de 2019 en passant par celles anti-casseurs, lorsque la carotte de la démocratie et de la libre expression ne fonctionne plus, le pouvoir brandit le bâton contre celles et ceux qui agissent contre la bonne marche de ce monde. Mutilations, contrôles et arrestations préventives, mises au trou, sont le revers de la médaille du vote, de la délégation, du maintien de l’ordre.

1er mai 2019. 17 700 contrôles préventifs, 330 interpellations à Paris, dont plus de 250 GAV.
Parmi les personnes arrêtées ce jour-là, certaines ont été mises en détention provisoire ou sous contrôle judiciaire, suite à leur refus de comparaître immédiatement pour mieux préparer leur défense ou pour refuser le jeu de la justice.

De toutes ces affaires certaines sont parvenues à nos oreilles. Parmi elles il y a X, arrêté place d’Italie en fin de manifestation et inculpé de “participation à un groupement en vue de…”, rébellion, menaces sur flics, refus d’alimenter les fichiers de la police et port d’arme (ici un masque à gaz) et qui sera finalement condamné à 4 mois avec maintien en taule, payant notamment le fait de n’avoir rien voulu lâcher, pas même son identité.

Quatre personnes ont été arrêtées vers midi dans une rue de Paris. En les fouillant les flics mettent la main sur 3 marteaux et un bâton ainsi que du “matériel de protection”. Poursuivi-e-s pour “participation à un groupement en vue de…”, et refus de donner ADN et empreintes digitales, le procès aura lieu le 27 septembre au TGI de Paris.

Il y a aussi 5 personnes qui ont été arrêtées à 7 heures du matin dans leur camion garé au bois de Vincennes. En fouillant le véhicule la police trouve divers objets dont des masques, gants coqués, lance pierre, et une bonbonne de gaz à rechaud qui aux yeux du procureur servirait “à fabriquer des molotovs”. Après avoir refusé la comparution immédiate, 3 d’entre elles ont été mises au trou et 2 sous contrôle judiciairee toujours pour participation à un groupement en vue de… Le 3 juin, les dernières personnes incarcérées ont été relâchées et toutes sont interdites de Paris jusqu’au procès reporté au 1er juillet au TGI de Paris.

Enfin, un.e espagnol.e et deux allemands, ont aussi été arrêtés durant la nuit précédente vers 2h près de la gare du Nord à Paris. Les flics ont procédé à une perquisition de la voiture qui les avait conduits à Paris. Dès 2h40 le syndicat de flics VIGI (CGT-police) publie une photo mettant en scène ce qui aurait été pris dans le coffre de la voiture. Ce qui ressemble à des outils et du matériel de cuisine, devient dans la bouche des journaflics un “arsenal comprenant des éléments pour constituer des engins incendiaires”, saisi dans un “véhicule d’écolos-anarchistes”. On apprendra par la suite qu’ils sont mis en examen pour “détention et transports d’armes de catégorie A” (armes dites de guerre, ici des masques à gaz intégraux…) et “association de malfaiteurs en vue de la commission de crime ou délit”.

Ce dernier chef d’inculpation ouvre systématiquement une instruction qui permet aux juges d’employer tout l’arsenal policier pour enquêter et enfermer pour de longs mois les mis-e-s en examen. D’ailleurs, pas besoin d’être plusieurs pour être poursuivi pour “association” comme c’est le cas pour R., arrêté le 2 février à Toulouse, et qui est incarcéré depuis.

Suite à une demande de mise en liberté, un des trois inculpé-e-s de la gare du Nord a été relâché et mis sous contrôle judiciaire. Le procureur a fait appel de la décision et très prochainement un juge décidera de confirmer ou non sa mise en liberté.

Face au sale travail de la justice qui plaque son langage et ses griffes sur nos révoltes pour mieux les écraser, ne laissons pas la répression nous isoler. Une de nos armes est la solidarité que chacun-e peut employer selon les moyens qui lui sembleront les plus adéquats.
De nombreux procès ont déjà eu lieu et de nombreux autres vont se dérouler ces prochains mois. Autant d’occasions de venir manifester notre appui aux révolté-e-s et notre rage à la face des juges.

Crève la justice et ses taules !
Liberté pour toutes !

Des complices

campingetpaillettes@riseup.net

(des traductions en allemand et en espagnol sont en cours. D’autres traductions sont bienvenues !)

Kalimero, caisse de solidarité avec les prisonnier-es de la guerre sociale, envoie, entre autres, des mandats à certain-es des incarcéré-es. Pour contact, renflouer la caisse, solidarité, kalimeroparis@riseup.net

Erratum : L’inculpé de Gare du nord n’a jamais été relaché. L’appel du procureur a suspendu la décision. Le jugement en appel a rejeté sa mise en liberté.

-Repris d’Indymedia Nantes-